Saison 2007-2008

Édito

L’ Hôpital psychiatrique Le Vinatier à Bron, inauguré en 1876, gère environ 750 lits d’hospitalisation et une file active de 24 000 personnes. Une soixantaine de structures réparties sur le territoire du grand sud-est de l’agglomération lyonnaise prend en charge les personnes souffrant de troubles mentaux.

L’hôpital a eu l’initiative originale, en 1997, de développer un projet culturel pour l’aider à lutter contre les préjugés à l’égard de la maladie mentale, à créer des espaces de rencontres et d’échanges entre la population, les soignants et les malades et à dédramatiser l’hôpital psychiatrique, encore perçu comme un lieu maudit.

Ce projet s’appelle la Ferme du Vinatier car il est installé dans les locaux de l’ancienne ferme de l’hôpital. La Ferme du Vinatier travaille sur l’histoire et les mémoires de la psychiatrie mais aussi sur la création et la diffusion artistiques.

L’unique département de psychiatrie du Mali, créé par le colonisateur français en 1958, est abrité par l’hôpital général de Bamako, l’hôpital du Point G. Il s’agit au départ d’un « quartier de force » destiné à isoler les malades jugés dangereux. Après l’indépendance, le nombre de malades augmente fortement jusqu’à atteindre des proportions considérables.

Le « Cabanon » est constitué de cellules d’isolement dans lesquelles étaient enfermés 600 malades (hommes et femmes), abandonnés par leur famille, mourant de faim, l’administration n’ayant pas de quoi les nourrir. Il est fait état de viols de malades femmes par des individus de tous horizons.

C’est ce « drame humanitaire » qui motive, semble-t-il, l’envoi du psychiatre français Jean-Pierre Coudray par le ministère français de la Coopération, alors que le Mali est, depuis 1968, un régime dictatorial. Missionné pour restructurer le département de psychiatrie, Jean- Pierre Coudray reste sur le site de 1981 à 1987.

Appuyé par le ministère des Affaires Etrangères français, l'Organisation Mondiale de la Santé et l’État malien, Jean-Pierre Coudray, aidé d’un jeune collègue malien, Baba Koumaré, et de quelques autres pionniers, a été à l’origine d’une politique de santé mentale faisant toute sa place à la dimension culturelle. La tâche était immense : il fallait rétablir le dialogue avec les patients, renouer avec les familles, former le personnel, socialiser les malades, coopérer avec les guérisseurs, mais aussi monter des antennes dans l’ensemble du pays pour éviter le déracinement des malades.

En 2005, la famille Coudray a déposé ses archives personnelles à la Ferme du Vinatier avec le souhait qu’elles soient inventoriées, conservées et valorisées. C’est à travers ces archives que l’équipe de la Ferme du Vinatier a pris connaissance de l’histoire passionnante de l’expérience développée dans le cadre du service de psychiatrie à l’hôpital du Point G dans les années 1980.

Jean-Pierre Coudray est décédé en 1989. Baba Koumaré est aujourd’hui professeur de psychiatrie et chef du service de psychiatrie du Centre Hospitalo - Universitaire du Point G. La volonté de poursuivre les échanges de connaissances et de pratiques a conduit à l’élaboration d’un partenariat entre l’Hôpital Le Vinatier et le CHU du Point G. La convention unissant les deux établissements décline trois volets : un volet clinique, un volet enseignement supérieur et recherche et un volet artistique et culturel.

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