Promenade en 4 étapes à la découverte de l'asile de Bron

Cycle de conférence - automne 2023

Cet automne, la Ferme du Vinatier accueille un cycle de rencontres tout public, permettant d’aborder quatre étapes clés de l’histoire de la psychiatrie, à travers l’exemple du Vinatier. Abordant tour à tour les sujets de l’enfermement des malades au XVIIIe siècle à la naissance des asiles départementaux d’aliénés suite à la loi de 1838, le quotidien à l’asile de Bron au début du XXe siècle, le rôle de l’asile pendant la Première Guerre mondiale ou encore la période moins connue de l’entre-deux guerres, ce cycle de rencontres, animé par des spécialistes, vous invite à mieux comprendre les liens qui se tissent entre l’Histoire et le Centre hospitalier Le Vinatier.

Au programme de ces soirées :

Mercredi 20 septembre de 18h30 à 20h - LES GENS DE L’ASILE : AUTOUR DES PHOTOS D’HIPPOLYTE LAURENT

Avec Philippe Cialdella, psychiatre et Marie-Ange Villeret, archiviste référente archives hospitalières aux Archives départementales et métropolitaines du Rhône.

Les 423 plaques photographiques réalisées par Hippolyte Laurent entre 1903 et 1914 contenaient 270 clichés pris à l’asile de Bron. Certaines de ces photos ont été exposées à la Ferme du Vinatier et sur les grilles de l’hôpital en 2021 et un livre a rendu compte de l’enquête menée autour des personnes figurant sur ces images. Les portraits individuels ou de groupe dominent dans ce fonds photographique qui n’est ni un regard de journaliste extérieur ni celui d’un médecin ou d’un directeur d’hôpital. Hippolyte, infirmier puis garçon d’amphithéâtre, a immortalisé ses collègues, hommes et femmes, qui vivaient sur place dans le cadre du service continu, quelques patients, et d’autres personnes en civil ou en uniforme militaire. Qui étaient tous ces gens ? Une piste généalogique suivie d’une recherche aux Archives Départementales nous a permis d’identifier certains sujets et d’en savoir plus sur les employés de l’asile de Bron à la Belle époque et leur travail.

Mercredi 18 octobre de 18h30 à 20h - NAISSANCE DE L’ALIENISME A LYON

Avec Olivier Faure, professeur émérite d’histoire à l’Université Lyon 3 et Fabienne Barbarini, psychiatre libérale.

A Lyon comme ailleurs, le sort des malades mentaux change radicalement à la charnière des XVIIIe et XIXe siècle sous le coup de la désincarcération et de la naissance de l’aliénisme et de sa « thérapeutique », le traitement moral.

Néanmoins, à l’instar de la capitale, la ville se distingue par la précocité et la diversité de son appareil hospitalier. Les premiers établissements (Champvert, Carrier) sont privés et rejoints par d’autres charitables et confessionnels (Saint-Jean-de-Dieu).

Cependant la plus grande partie des effectifs est reçu à L’Antiquaille de Lyon, théoriquement dépôt de mendicité qui se spécialise dans l’accueil des exclus du système hospitalier habituel. Outre les aliénés, il héberge vénériens (largement des prostituées) et psoriques (souffrant de maladies de peau).

Mardi 14 novembre de 18h30 à 20h - DES TRANCHEES A L’ASILE

Avec Bernadette Angleraud, professeure d’histoire et Dr Jacques Marblé, ancien psychiatre des hôpitaux des armés, expert agréé par le ministère des armées.

Entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918, ce sont 1981 soldats qui ont été hospitalisés à l’asile de Bron. Chacun arrive avec sa propre histoire, mais tous ont vécu l’expérience d’une guerre d’un nouveau type, qui a bouleversé leur vie.

A partir des archives hospitalières, il est possible de suivre leur parcours médical, mais aussi de reconstituer, en partie, le cheminement qui les a conduits des tranchées à l’asile. Ces malades diffèrent par leur âge, leur origine sociale, géographique, leur statut. Les jeunes mobilisés cohabitent avec les réservistes, les prisonniers ou les coloniaux. L’asile constitue donc un microcosme. Grâce aux correspondances, ce sont aussi les familles qui entrent en scène, ce qui permet d’appréhender les façons dont le trouble mental est perçu et assumé par l’entourage du malade. Ces trajectoires de vie brisées reflètent la rupture qu’a constituée la Grande Guerre.

ATTENTION : SOIRÉE REPORTÉE AU MARDI 30 JANVIER de 18h30 à 20h - ENTRE SOLIDARITE REPUBLICAINE ET TENTATION EUGENISTE : L’ASSISTANCE AUX ALIENES DU RHONE DANS L’ENTRE-DEUX-GUERRES (1918-1939)

Avec Isabelle Von Bueltzingsloewen, professeure d’histoire contemporaine à l’université Lumière Lyon 2, LARHRA et Anne Parriaud-Martin.

Jusqu’en 1914 et même s’ils s’alarment à plusieurs reprises de l’augmentation du nombre de malades internés, les membres du conseil général du Rhône se déclarent fiers de leur asile qu’ils considèrent comme la plus grande réalisation du département en matière d’assistance. Le ton change radicalement après la Grande Guerre. En proie à des difficultés financières importantes, l’asile de Bron est soumis à des critiques de plus en plus virulentes. Alors qu’il n’avait jusque-là manifesté aucun intérêt pour l’assistance aux aliénés, Edouard Herriot, maire de Lyon et membre du conseil général, ne manque pas une occasion de dénoncer le coût exorbitant que représente pour la collectivité la prise en charge d’une catégorie d’assistés qu’il juge indigne de la sollicitude publique. L’enjeu de cette intervention sera d’analyser ce retournement et la vision de la folie qu’il véhicule.

En partenariat avec les archives départementales et métropolitaines de Lyon.