symptomes et états psychiques de l'adolscent
"Devenir" - Adolescences exposées
Le constat d’une méconnaissance de l’univers psychiatrique est à l’origine de cette initiative à visée artistique, scientifique et pédagogique. En outre, la question du statut socialement disqualifié de la maladie mentale motive le déploiement de tous les efforts pour en minimiser la stigmatisation. L’ouverture à d’autres disciplines de sciences sociales et à des approches artistiques et patrimoniales assure la médiation entre les différents mondes.
Dans cette perspective, la Ferme du Vinatier a proposé du 18 octobre au 13 juillet 2005 une exposition sur le thème de l’adolescence, ouverte à tous les publics.
D’autres projets sur le thème de l’adolescence ont été mis en place :
Un cycle de conférences grand public sur les questions soulevées par l’exposition. Ces rencontres ont permi de mobiliser de nouveaux spécialistes et de nuancer des propos toujours un peu « rigidifiés » par le support de l’exposition. Elles ont permis, en outre, une véritable interactivité avec le public.
La revue scientifique « Adolescence » s’est associée à cette manifestation en acceptant de consacrer son numéro de l’automne 2005 à la thématique de l’exposition avec une orientation plus accentuée sur les interactions entre corps adolescent et spectacle.
Un livre accompagné d’un CDROM ou DVD, support idéal pour accompagner et constituer une trace d’une exposition dont le principe est le mouvement, l’oscillation. Cet objet a été édité par la maison d'édition « La maison d’à côté ».
Introduction
Sujet de convoitise pour la société marchande, sujet d’inquiétude pour la société sécuritaire, sujet d’attention pour les institutions publiques, sujet d’incompréhension pour bien des adultes, l’adolescent a des pratiques culturelles qui lui sont propres et concentre un questionnement à la lisière de la santé mentale, de la culture et du fonctionnement social.
Parce qu’il est le lieu de transformations remarquables et de l’émergence des pulsions sexuelles, le corps constitue le fil rouge de cette exposition. Il est aussi le lieu où s’exprime le psychisme des adolescents.
Adulé ou détesté, orné ou maltraité, il traduit et trahit leurs mal-êtres, mais aussi leurs espérances Cible élective, parfois érotique des projections du monde des adultes il est aussi, plus que jamais, un espace d’expression des valeurs de la société. Peut-on dès lors postuler que, dans un contexte social peu structuré par les rites collectifs, les adolescents se construisent eux-mêmes les épreuves et les signes de leur changement de statut en mettant leur corps en jeu, dans un dialogue constant avec les miroirs médiatiques de leurs pratiques ? D’un point de vue psychopathologique ce questionnement conduit à envisager les menaces qui pèsent sur les adolescents et peuvent les amener à « dépasser les bornes », donc à sortir de la culture, et à se retrouver seuls avec une souffrance qui n’a plus de sens pour personne, pas même pour eux.
Mais ne perdons pas de vue qu’en 2005 9 adolescents sur 10 vont bien et croquent la vie à belles dents.
Corps mouvement - corps risqué
Sport, danse, fête sont autant de pratiques privilégiées par les adolescents. Ils y trouvent le moyen de transcender un corps qui, parfois, les encombre, brûler une énergie trop vite transformée en excitation sous l’emprise du désir. La plupart d’entre eux s’adonnent à ces pratiques parce qu’ils y trouvent du plaisir et qu’elles leur permettent de communiquer avec leurs pairs. D’autres sont motivés par la prise de risque du corps en mouvement, très valorisée par les médias. En se livrant à des sports dangereux ou interdits, ils testent leurs performances physiques en même temps que leurs limites.
La consommation d’alcools et de drogues traduit également leur volonté d’éprouver leur capacité de résistance et leur aspiration à se fabriquer une expérience dont ils sortiront autre. Mais, pour quelques-uns, la prise de risque signifie l’impossibilité d’intégrer des limites structurantes et socialisantes. Lorsque leur révolte et leur souffrance ne trouvent pas à s’exprimer par le langage, c’est leur corps que les adolescents mettent en jeu dans une pulsion de mort qui peut aller jusqu’au suicide.
Population kayapó, Etat du Parà, Brésil. Chasseur tirant à l’arc et portant le krôkrôkti, l’un des plus grands ornements existants chez les Kayapó, porté derrière la tête par les jeunes et adultes des deux sexes, lors de l'ultime phase des rites d'imposition des noms me-rêrêmê. Son corps est orné de peintures corporelles au jenipapo (Genipa americana) et urucum (Bixa orellana). Copyright : Aldo Lo Curto / Fonds Musée des Confluences
Quelques chiffres en 2005 …
L’adolescence est une période marquée par la prise de risque.
Seule une minorité d’adolescents est concernée mais leur nombre est en augmentation.
30 % des jeunes de 17 ans fument.
11 % d’entre eux consomment régulièrement de l’alcool.
10 % d’entre eux consomment régulièrement du cannabis.
La prise de risque intervient de plus en plus tôt.
Les suicides constituent la troisième cause de décès chez les 10-19 ans, alors qu’il est la première cause de mortalité chez les 30-34 ans.
Les garçons sont plus concernés que les filles sauf pour les tentatives de suicide.
A travers la mise en scène de leur corps (maquillage, vêtements et autres parures et ornements, y compris le voile chez les jeunes filles musulmanes), les adolescents cherchent à explorer et à affirmer leurs identités. Les pratiques de tatouage et de piercing sont depuis longtemps très répandues parmi les très jeunes gens en errance ou en situation de marginalité. Depuis quelques années, ces interventions sur le corps sont également devenues banales chez les adolescents « intégrés » qui se les sont appropriés sous des formes normalisées et consuméristes. En revanche la scarification, que l’on peut lire comme une muette mais visible tentative de réappropriation de son propre corps par des adolescents en détresse, est du côté du pathologique. Qu’est-ce qui se joue dans la circulation d’un même geste, attentatoire ou ornemental du corps, entre des adolescents en souffrance psychique, des adolescents en situation de rupture sociale et les autres, la grande majorité, en situation ordinaire de décalage avec les adultes, de conformisme à la mode ?
Disques d'oreilles d’Afrique du Sud dans la région du Kwazulu pour la population Zulu. Copyright : Fonds Musée des Confluences
Ces disques d'oreilles portés par les femmes zulu sont peut-être une des expressions du dynamisme artistique de ces régions. En effet, dés les années 1960-1970, les plaques de vinyles de Marley Tiles laissent placent au perspex dont la matière plus épaisse et brillante convient davantage à ce type d'objets. Cependant, ce matériau s'avère plus difficile à travailler et cet obstacle entraîne une transformation des motifs qui s'adaptent à la dureté de la matière. Le travail de l'artiste porte davantage sur une combinaison de plages polychromes, un polissage plus fini et une légère ornementation à base de clou de tapissier en chrome ou en laiton. La surface de ces disques est divisée en trois parties polychromes et les deux faces sont décorées.
Témoignages…
« Audrey, 23 ans, étudiante, dit avoir eu le désir de se tatouer dès l’âge de 14 ans, mais, « quand j’en ai parlé à ma mère, elle s’est arrachée les cheveux et m’a dit : « tu ne le feras pas avant d’être majeure ». J’ai attendu d’avoir 18 ans. Je me suis encore dit que j’allais attendre mes 20 ans pour être sûre d’en avoir vraiment envie. Et alors ce serait pour la vie. Mais à l’époque, je n’avais toujours pas trouvé le motif qui m’intéressait. C’est donc à 21 ans que je l’ai fait. » (p. 82)
David LEBRETON, ouvrage collectif, Signes d’identité, Métaillé, 2002, Paris.
Yann, 20 ans, étudiant : « Pour moi, chacun de mes tatouages est en rapport avec un événement qui m’a marqué, c’est une manière de garder les choses en mémoire. Ca a commencé le jour où je me suis fait plaquer par une fille à laquelle je tenais bien. Je me suis cramé la main pour éviter de refaire des conneries avec les meufs. L’arbre, c’est parce que mes parents ont déménagé et que j’avais habité 18 ans en forêt. C’était une manière de marquer le passage de la campagne à la ville. Le prénom, c’est celui de ma mère parce que maintenant je m’aperçois combien elle compte pour moi. Le K, c’est Kronenbourg, c’est une dédicace aux potes. L’autre, c’est le calibre de ma carabine parce que c’est mon bébé et qu’elle est partie avec mes parents. Elle est encrée dans ma peau, personne ne me l’enlèvera. On peut tout m’enlever, sauf mes tatouages. Le tatouage sanguin, c’est pour si il arrive quelque chose, et le bracelet de deuil, c’était pour marquer mon désir de passer à l’âge adulte, et aussi parce que quelqu’un que j’appréciais beaucoup est mort récemment. » (p.114)
David LEBRETON, ouvrage collectif, Signes d’identité, Métaillé, 2002, Paris.
Etudiante, 23 ans : « Je l’ai fait sur un coup de tête. Je l’ai vu dans la vitrine de la boutique et j’ai dit : « Je veux ça ». Le nez, c’était ce qu’il y a de plus classique. Je me disais, si ça ne me plait pas, je pourrais de toute façon l’enlever » (p.83) A 15 ans, Aurore se fait poser un piercing, malgré sa situation de mineure et sans autorisation de ses parents : « C’était sur un coup de tête. J’en ai eu envie et je suis entrée dans le magasin. J’étais fière d’avoir passé le cap alors que j’étais plutôt craintive » (p.83)
David LEBRETON, ouvrage collectif, Signes d’identité, Métaillé, 2002, Paris.
La clé de voile asru n’swul tire son origine des clés de cadenas utilisées par les femmes touaregs, du Mali notamment, pour la fermeture de leur sac de cuir renfermant leurs objets personnels. La clé était suspendue à un pan du voile afin de ne pas la perdre. Aujourd’hui, devenue parure ou ornement, elle est portée par les femmes touaregs au bout de leur foulard et leur sert de contrepoids lorsqu’elles rejettent le pan du foulard sur leur épaule gauche. L’aire d’usage de cet ornement comprend des régions allant du Maroc au Niger en passant par la Mauritanie ; le centre géographique important étant l’Ahaggar.
Le tatouage ornemental de l’aisselle joue sur l’effet de surprise.
« Les modifications sont un combat mené contre la médiocrité de l’existence, des options rattachées à la machine. Je cherche ma propre identité grâce au travail sur le corps. La douleur que je m’inflige me rappelle les étapes passées. »
Les Asuriní (ou Awaeté, « Vraies personnes ») de l’état du Pará ont sans doute, avec leurs voisins Kayapó, développé l’art de la peinture corporelle à son plus haut niveau. Suivant une grammaire et un système de significations complexes, ils peuvent utiliser et combiner plusieurs dizaines de motifs stylisant des êtres ou thèmes de leur cosmologie (ex : Anhynga kwasiat, qui donna le dessin aux hommes, ou i, modèle de l’être humain), des êtres de la nature (ex : Kapuenwi, « Liane de la forêt », ou Kaiwarinhyna, « Queue de singe »), ou spécifiques à des parties du corps (ex : Kuaipei, « Dessin de tête »). Les types de motifs déployés des pieds au visage, ainsi que la structure de l’ensemble, dépendent non seulement de l’inspiration de la femme qui (toujours) peint, mais aussi de la position sociale de celui qui est peint (sexe, âge…), généralement en couleur noire de genipapo.
Les mêmes motifs sont également apposés sur de nombreux objets matériels, notamment des vaisselles de céramique. Si la peinture corporelle tend à se maintenir, l’incision de la lèvre inférieure (pour y placer un labret) et le tatouage (surtout des mains) sont aujourd’hui de moins en moins fréquents, alors qu’ils étaient auparavant le signifiant obligé de l’accession au statut de guerrier ou de mère – le tatouage étant symboliquement garant de l’efficacité des gestes du quotidien.
Thierry VALENTIN, Anthropologue, maître de conférences à l’université Lumière Lyon 2
Si elle n’est pas seule en cause, l’insidieuse tyrannie du corps idéal véhiculée par les médias favorise de nouvelles pathologies sociales (boulimie, anorexie). Elle aggrave en tout état de cause le sentiment de mal-être des adolescents dont le poids et les formes excèdent les standards médiatiques et promet de beaux jours à la chirurgie esthétique.
Les troubles du comportement alimentaire sont à l’interface du fonctionnement psychique de l’individu, des représentations médiatiques du corps et de l’économie. Ils traduisent tout à la fois un refus de la sexualité chez les jeunes filles, une réaction à l’injonction sociale de la minceur et un rapport ambivalent à la société d’abondance.
Que faut-il penser de cette stigmatisation des personnes bien en chair dans une société qui a érigé la boulimie en priorité de santé publique ? Et, comment, dans ce contexte, les adolescents atteints d’un handicap ou d’une maladie déformant leur corps peuvent-ils surmonter l’image qu’ils ont d’eux-mêmes ?
Scénographie de l'exposition. Création plastique réalisée par des adolescentes anorexiques en soin au Centre Jean Abadie à Bordeaux dans le cadre du programme « Mémoire du corps ».Copyright : La Ferme du Vinatier
Débuté en 2004, ce programme s’effectue en partenariat avec le Musée d’Aquitaine, l’Association de soutien scolaire aux enfants malades et le Mécénat IBM-France, dans une triple perspective thérapeutique, pédagogique et culturelle. Le programme comporte deux ateliers : morpho-pictographie et modélisation 3D. L’œuvre présentée est issue de l’atelier morpho-pictographie, lequel constitue une médiation impliquant la représentation graphique du corps.
Le flanc est orné d’un dessin au tracé linéaire et nerveux représentant un homme nu levant le bras droit. Il s’agit de la copie d’une œuvre de l’expressionniste autrichien Egon Schiele (1890-1918). La peau s’apparente ici au canevas d’une peinture.
Quelques chiffres en 2005…
Les préoccupations liées au corps et au poids sont très importantes chez les adolescents et surtout chez les adolescentes.
L’anorexie mentale et la boulimie débutent généralement entre 14 et 17 ans.
Mais ces pathologies touchent moins de 1,5 % des ados.
Plus fréquentes sont les manifestations de malaise liées à la perception du corps.
Un sondage en ligne rendu public par le magazine Bliss le 5 janvier 2005 a montré que :
20 % des adolescentes anglaises ne se trouvent « pas belles du tout » alors que seulement 8 % d’entre elles se déclarent satisfaites de leur apparence quatre adolescentes sur dix envisagent le recours à la chirurgie esthétique parmi les facteurs de pression sociale les plus souvent cités pour expliquer ce mal-être figurent l’exemple des stars et les désirs supposés des garçons.
Quelle est l’influence des nouvelles technologies de communication sur les modes relationnels des adolescents ? Le sens commun tend à les dénoncer comme des facteurs d’asociabilité. Communiquer sur le net serait une façon de fuir le monde réel et la réalité de la rencontre. On peut pourtant considérer que l’usage de ces outils permet aux adolescents de créer des préliminaires à la rencontre, notamment amoureuse et de lutter ainsi contre leurs inhibitions. Il en va de même pour le téléphone portable, souvent accusé de créer une dépendance sans fin, qui peut les aider à maîtriser la mise à distance progressive de leurs parents.
Quelles sont les représentations du corps adolescent dans les média ? Quels rapports les adolescents entretiennent-ils avec ces représentations fictives d’eux-mêmes ? De « Star Ac’ » à « Loft Story », de « Jackass » à « Charmed », quels sont les processus de projection et d’identification à ces jeunes adultes placés dans toutes sortes de situations de la vie réelle ou imaginaire ?
Quelques chiffres en 2005…
Les adolescents passent beaucoup de temps à « communiquer ».
Mais les moyens et les lieux de rencontre et d’échanges des adolescents et des adolescentes sont relativement différenciés.
Les filles usent davantage du téléphone que les garçons. Un tiers d’entre elles passent chaque jour du temps à discuter avec leurs ami(e)s sur leur portable contre moins d’un quart des garçons.
Les jeunes passent par jour en moyenne moins de temps que les adultes devant la télévision.
1h47 chez les 12-17 ans, contre 2h14 chez les 25- 44 ans,
1h10 chez les 45-64 ans et 2h32 chez les 65-75 ans.
Le chat’ est de plus en plus utilisé par les jeunes.
3,5 millions de jeunes de 12 à 25 ans se connectent à MSN messenger tous les jours.
Les garçons chattent plus souvent que les filles, mais les adolescentes y passent en moyenne plus de temps.
Témoignages…
Sarah
Forfait 9h plus dépassements
16 ans, lycéenne, vit seule avec sa mère (employée de bureau)
Sarah ne peux plus se libérer de son portable qui la relie à son monde, ses amies, sa « nouvelle famille », ce qui lui permet de compenser une relation très conflictuelle avec sa mère.
« Ouais, non je pourrais pas vivre sans quoi, il est tout l temps avec moi, tout le temps, je dors il est à côté de moi, je peux pas m’en passer, je l’ai tout le temps, en cours il est dans la trousse, je supporterais pas de pas l’avoir, de…quand je reçois un message de pas répondre, quand j’entend un appel, que je sois en cours ou n’importe quoi, je décroche sinon je peux pas(…)Ouais, je fais (chuchotements) je suis en cours, et puis voilà je raccroche, je supporte pas qu’il soit pas à côté de moi, c’est…(l’enquêtrice lui demande :Qu’est ce qui te manque ? Essaye voir de réfléchir à ça)Je sais pas c’est …y a des animations dessus alors quand je m’embête, je regarde, je reçois tout le temps des messages, je sais pas, l’entendre vibrer, mais je passe pour une folle on dirait(…) Ben ouais, mais en fait, je l’aime bien parce que pour moi c’est un moyen de communiquer avec tout le monde, donc comme ça je suis pas loin des autres, et puis comme ça, je suis, pour moi ça veut dire que je suis avec tout le monde, lui c’est tout le monde, voilà » « Non, mais ça fait longtemps que je suis célibataire quand même (rires) (…)Oui ça me manque [un copain], je sais pas c’est une présence, c’est comme le portable hein, c’est pareil ! »
Corinne MARTIN, doctorante en sciences de l’information et de la communication.
L’adolescence est l’âge où s’affirment des identités sexuées. Garçons et filles se découvrent dans la conflictualité, la rivalité mais aussi dans la complémentarité. La sexualité et l’amour sont au cœur battant de l’adolescence. Le romantisme, la passion, le chagrin d’amour, le désir enivrant, l’intimité, la sexualité, la crudité du langage, le couple comme modèle culturel prédominant, la peur du SIDA, la perspective de la procréation, constituent autant d’expériences nouvelles pour ceux qui sortent tout juste de l’enfance.
Lorsqu’elles se déroulent dans un contexte psychique et social rassurant, ces expériences accompagnent les adolescents dans leur transformation en hommes, en femmes, en parents. Mais elles peuvent aussi être traumatiques lorsqu’elles prennent des formes violentes (abus sexuel, perversion).
Le miroir médiatique renvoie des images et des propos pornographiques, auxquels les adolescents se réfèrent comme étalon de leur propre vulgarité. Pourtant, le sentiment préoccupe autant les adolescents d’aujourd’hui que ceux d’hier.
Ceintures / cache-sexe du Cameroun pour la population Kirdi. Copyright : Fonds Musée des Confluences
Ces ceintures ou cache-sexes étaient portées par les femmes kirdi. Le style du cache-sexe était fonction de l'âge et du rang social ; sa décoration pouvait également renvoyer ou signifier les prémisses de la puberté voire le changement de statut. Différemment d’autres ceintures, il semble que ce genre de « cache-sexes » servait davantage à dissimuler le sexe des femmes.
Quelques chiffres en 2005 …
En France, l'âge moyen du premier rapport sexuel est 16,8 ans.
Plus précisément, l'âge médian du premier rapport est de 17 ans et 3 mois pour les garçons et 17 ans et 6 mois pour les filles.
60% des filles font l'amour par amour tandis que l'amour n'est invoqué que par 38% des garçons. En revanche l'attirance et le désir physique arrivent en tête des motivations des garçons (46,5%).
Sentiment qui a poussé au premier rapport
Les jeunes scolarisés et étudiants de 15 à 25 ans ayant déjà eu un rapport sexuel ont majoritairement (85 %) utilisé un préservatif lors de leur premier rapport. Cependant, après ce premier rapport protégé, 4 % ont déclaré, « ne rien faire pour éviter une grossesse », alors qu’ils avaient des rapports et ne désiraient pas avoir d’enfant.
Le groupe culturel des Surma appartient plus généralement aux Nilo-sahariens situés dans la vallée inférieure de l'Omo, une des régions les plus anciennement peuplées. Les jeunes filles Surma portent des labrets dès que l'on estime qu'elles sont en âge de se marier, c'est à dire lorsqu'elles ont atteint leur vingtième année parfois un peu plus tard. Une incision est pratiquée dans la lèvre inférieure suffisamment large pour accepter dans un premier temps un bâtonnet. Le labret en terre cuite est considéré comme une parure et il est porté quotidiennement.
Témoignages…
Laurence a aujourd’hui 24 ans. Avec le recul, elle analyse les mécanismes de prise de risque qui l’ont conduite à tomber enceinte. Elle évoque notamment le sentiment de pouvoir que peut procurer le fait de se savoir fertile.
« L’erreur : c’est de ne pas avoir tout maîtrisé, d’une part et de s’être laissé aller, d’avoir mis de côté, j’ai envie de faire l’amour, j’ai envie de vivre ça et puis le reste ça passe derrière et de se rendre compte, de se dire que j’ai joué quelque part avec la vie. J’ai joué avec la mienne, j’ai joué avec une vie potentielle.
On en avait conscience comme du reste, vaguement conscience, c’est un peu comme doubler sur une ligne blanche, sans savoir ce qu’il y a en face. On prend un risque mais on sait vaguement qu’au bout ça peut faire mal. Il ne faut pas dire que je ne savais pas que je pouvais tomber enceinte. Et puis, c’est pervers mais quelque part de se dire : mon corps il fonctionne, moi aussi j’en suis capable, d’avoir ce truc là comme une satisfaction ou une jouissance, de se dire j’ai un corps qui fonctionne, qui est capable de, je sais pas, c’est un sentiment de puissance, d’être en capacité à. Je me souviens effectivement du moment où je me suis dit « là ça crains ». Je pense que l’erreur est là, c’est de se mettre dans une situation où on se fait du mal alors qu’on aurait peut-être pu faire autrement. Puis en même temps, quand j’y repense, je me dis « t’aurais pu faire autrement », « t’aurais pu te prendre en main toute seule comme une grande, allez voir ton médecin, et demander à avoir la pilule ». Voilà j’ai eu des cours comme tout le monde, j’en ai entendu parler, en même temps je me dis c’était un truc inconscient où j’ai voulu aller jusqu’aux limites. Peut-être que je n’aurais pas pu faire autrement, peut-être qu’il fallait que j’en passe par là. »
ADES : Avortement, contraception et grossesse non prévue
Générique
Une exposition conçue par la Ferme du Vinatier – CH Le Vinatier
Dominique Valmary : Directeur général du CH Le Vinatier
Carine Delanoë-Vieux : Direction projet, scénario
Isabelle Bégou : Assistante projet, médiation culturelle
Coline Rogé : Communication - Presse
Marie-Jo Barny de Romanet : Administration
Annette Ksstentini : Accueil
Philippe Didier : réalisation audiovisuelle des entretiens scientifiques
Benoît Voarick, montage audiovisuel des extraits de films
Denise Siraud : recherche documentaire
Thomas Micoulet : stagiaire, recherche vidéo
Laure Chataignier : stagiaire, notices
Scénographie : Jean-Pierre Zaugg, Decobox
Conseil scientifique de la Ferme du Vinatier :
Définition des contenus scientifiques
Président : Jacques HOCHMANN, psychiatre
Coordination : Carine DELANOË-VIEUX
Membres :
Jacques BONNIEL, sociologue, Olivier FAURE, historien de la médecine ; professeur d’histoire à l’université Jean Moulin Lyon 3, Jean FURTOS, psychiatre au CH Le Vinatier (ORSPERE), Michel GILLET, psychiatre, Natalie GILOUX, psychiatre au CH Le Vinatier, Gilles HERREROS, sociologue ; université Lumière Lyon 2, François PORTET, ethnologue ; conseiller à l’ethnologie à la DRAC-Rhône-Alpes, Jacques POISAT, économiste, enseignant à l’Université d’Avignon, Geneviève ROBERTON, directrice de l’IFCS du CH Le Vinatier, Dominique VALMARY, directeur général du CH Le Vinatier, Isabelle Von BueltzIngsloewen, historienne, enseignante – chercheur à l’Université Lumière Lyon 2, Philippe DIDIER, éducateur, Thierry ROCHET, psychiatre, médecin responsable de l’unité de soin pour adolescents, Hubert Flavigny et du centre médico-psychologique de Caluire, François LAPLANTINE, anthropologue, chercheur au centre de recherche et d’études anthropologiques, Jean Paul FILIOD, socio-anthropologue, IUFM/Lyon 2.
Avec la collaboration de :
Musée des Confluences, Centre familial de Jeunes de Vitry, Centre Jean Abadie (Bordeaux), Ville de Villeurbanne – Service hygiène et santé publique, ADES du Rhône (Association Départementale d’Education pour la Santé)
Partenariat média et édition :
Revue « Adolescence », revue « Santé mentale », revue « Sciences de l’Homme », éditions « La maison d’à côté »