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Vinatier-HCL: un nouveau partenariat au service de la recherche clinique

Mis en ligne le 02 mai 2022

Le 25 novembre 2021, les Hospices Civils de Lyon (HCL) et le Centre Hospitalier Le Vinatier ont signé une convention d'association. Un engagement fort pour développer leurs partenariats dans le champ de la psychiatrie, de la santé mentale et des neurosciences et permettre à la population de disposer d’une offre de soins de service public lisible, de qualité et performante. La convention décrit les axes prioritaires et le socle sur lesquels est bâtie cette ambition de développer les synergies entre les deux institutions.

Afin d’aborder l’aspect recherche de cette collaboration, nous avons recueilli les témoignages croisés de :

  • Behrouz KASSAI-KOUPAI, Coordonnateur Scientifique au Centre d'Investigation Clinique des HCL et Professeur en Pharmacologie
  • Benjamin ROLLAND, délégué recherche du CH Le Vinatier et responsable de la fédération d’addictologie HCL – CH Le Vinatier

En terme de recherche, les HCL et le CH Le Vinatier ont-ils déjà collaboré dans le passé ? Si oui, pourriez-vous nous citer des exemples marquants ?


Jusqu’à cette signature, nous aimerions en citer 3:

  • L’un des plus récents est l’appel à projet de l’Institut pour la Recherche en Santé Publique (IRESP). C’est un essai clinique randomisé médicamenteux. Il mêle à la fois le domaine de la santé mentale et ceux de la pédiatrie et de la cardiologie.
  • Ensuite, un autre projet, tout autant ambitieux, s’inscrit dans un Programme Hospitalier de Recherche Cinique (PHRC) national. Il s’agit du projet CARAMEL pour lequel le CH le Vinatier est promoteur. Cette étude présente un lien important avec la pharmacologie. C’est l’ébauche du partenariat entre le CIC des HCL et le Vinatier. De plus, cette recherche a mis en lumière le besoin de mettre en place des méthodologie précise et une logistique bien définie.
  • Enfin, il existe une collaboration de longue date entre nos deux institutions sur le sujet du trouble de spectre de l’autisme. L’un des derniers sujets est une étude IReSP et traite du diagnostic précoce de l’autisme. 


Ces travaux de recherche sont un très bon socle mais n’ont pas vraiment été structurés atour d’une ambition de création de thématiques et avec la volonté de création d’une infrastructure de recherche clinique. Nous étions sur des projets ponctuels. Dorénavant, on cherche à construire et structurer sur le long terme avec une cohérence.

Pouvez-vous nous expliquer la vision « recherche » commune que vous partagez ?

En quoi pensez-vous être complémentaires au sujet de la recherche ?

Afin de répondre au mieux à ces questions, il faut expliquer ce qu’est le CIC. C’est une structure mixte Inserm et hôpital (CHU).  La nouveauté s’exprime avec le rapprochement du CIC et des équipes de recherche du CH le Vinatier pour développer l’axe santé mentale-psychiatrie au sein du CIC. La mission principale du CIC réside dans l’expression et le développement d’une recherche dite translationnelle. Il y a 10 ans, ce type de recherche partait du fondamental (principalement biologique s’effectuant sur des modèles animaux) pour aller vers la clinique et l’homme. En théorie, le CIC était le facilitateur de cette translation. La définition a bougé avec la compréhension de l’importance des cohortes, des études épidémiologiques et des études qualitatives. Ces dernières servent de recherche fondamentale pour faire la translation vers l’identification d’une cible thérapeutique. Il existe donc des allers-retours entre fondamental et clinique, ce qui élargit la définition.
Nous avons une volonté depuis un certain temps d’élargir les thématiques au sein du CIC. La santé mentale était évoquée régulièrement avec une réelle opportunité géographique du fait de la proximité du CH Le Vinatier. La seconde opportunité s’articule autour du développement de nouvelles molécules et le besoin de renforcer les liens avec l’Inserm et le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL) et, de manière générale, avec la neuropsychiatrie à Lyon.
Enfin, le CIC collabore aussi beaucoup avec des partenaires industriels, ce qui répond aux besoins des psychiatres. Les infrastructures et le personnel spécialisé du CIC permet de répondre à un niveau d’exigence. L’enjeu est donc d’ouvrir une voie vers l’industrie pharmaceutique.

Côté Vinatier, à travers ce partenariat, l’hôpital cherche à acquérir une expertise méthodologique et une compétence logistique. Dans le même temps, cet acteur représente un vivier de recrutement de volontaires pour les études actuelles et futures. L’hôpital accueille plusieurs dizaines de millier de patients potentiellement concernés par des études pharmacologiques mais aussi des volontaires sains. Enfin, Le Vinatier est aussi un Centre Hospitalier important avec plusieurs services universitaires traitant de pathologies très différentes. En d’autres termes, il existe des convergences stratégiques fortes entre les les HCL et le CH le Vinatier et c’est assez naturellement que s’impose ce partenariat.  

La thématique psychiatrie et santé mentale fait son apparition au CIC, quel est l’objectif ?

Le changement de gouvernance au Vinatier a facilité ce partenariat. De plus, la crise COVID a mis en lumière l’importance de la santé mentale. Cette prise de conscience s’est accompagnée de financement de la part de l’Etat. Les laboratoires vont certainement s’intéresser un peu plus à ce domaine. Il faut donc se tenir prêts à s’engager et être à la hauteur de ces enjeux de recherche.
Il y a peut-être des initiatives similaires en France mais cette collaboration reste unique. Ce qui se construit actuellement dans l’agglomération lyonnaise est au stade embryonnaire mais laisse présager d’un avenir radieux. Cet intérêt croissant à la santé mentale nous fait partir avec une longueur d’avance : nous en sommes conscients depuis un bon moment et nous sommes prêts !

Quels sont les axes prioritaires en termes de recherche ? Les synergies à développer ?

Nous priorisons, dans un premier temps, les axes existants et fonctionnants déjà :

  • la pédopsychiatrie sur les aspects d’autisme
  • l’addictologie qui nécessite des essais cliniques pharmacologiques. Une personne est d’ailleurs pressentie pour faire le trait d’union entre les deux institutions au niveau pharmacologie.

A moyen terme, nous souhaitons développer les axes suivants :

  • les troubles psychotiques
  • les troubles dépressifs
  • le TDAH (Trouble du Déficit de l'Attention avec/sans Hyperactivité)

La stratégie est donc claire : on part de l’existant pour faire croitre les thématiques. En parallèle, il faut travailler sur les données de soin pour arriver à un niveau d’exigence maximal afin d’évaluer au mieux les bénéfices-risques sur chaque étude.

Quelle place va prendre l’innovation à travers cette convention ?

Pour le Pr. Behrouz KASSAI-KOUPAI : « le CIC peut accompagner les innovations en santé par son expertise en pharmacologie et par l’utilisation des méthodes originales pour tester et évaluer ses innovations. C’est sur cet aspect méthodologique (de la conception à l’intégrité scientifique) que le CIC va apporter son expérience et mettre à disposition son infrastructure ». La structure CIC va permettre de tester de nouvelles stratégies de traitement médicamenteux en santé mentale. Celles-ci s’appuieront sur les dernières connaissances issues des nouvelles techniques d’imagerie, sur la mise au point de nouveaux biomarqueurs et sur les nouveaux usages de la neurostimulation.

En ce qui concerne Le Vinatier, l’innovation y est déjà bien présente à travers de nombreuses études (achat de matériel médical de pointe, développement d’applications, utilisation de la réalité virtuelle…). Cette notion va être renforcée avec l’arrivée d’une personne dédiée dans l’hôpital. 
Il existe une synergie entre le CIC et le Vinatier autour de l’utilisation de moyens techniques innovants et performants.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Nous souhaitons ouvrir cette interview sur un aspect de déontologie. En effet, les travaux scientifiques doivent respecter une intégrité scientifique. Il faut travailler sur de nouveaux indicateurs qui doivent se baser sur : l’intérêt du patient, la pertinence clinique de la recherche et l’aspect éthique. Lors de nos travaux de recherche, l’évaluation ne doit pas être uniquement quantitative.
Pour appuyer ce propos, la convention possède un système d’assurance qualité. Par exemple, la labellisation ISO 9001 est en cours. Il y a une finalité institutionnelle derrière cela : nous sommes résolument tournés vers le patient avec une pertinence des soins. L’idée n’est pas de devenir une machine à fabriquer des études en série et à publier sans s’appuyer sur une stratégie globale avec des écrits de qualité.

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