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Profil des patients atteints de l'hépatite C dans un hôpital psychiatrique : étude cas-témoin

Mis en ligne le 03 novembre 2023

L'hépatite C est une maladie infectieuse chronique causée par le virus de l'hépatite C (VHC), qui continue de poser des défis de santé publique à travers le monde, malgré des traitements désormais très efficaces. Au niveau international, les personnes atteintes de troubles psychiatriques présentent une très forte prévalence du VHC, souvent en lien avec des antécédents d’usage de drogues et/ou d’incarcération. Mais une étude récente menée au CH le Vinatier montre que les patients qui restent à traiter semblent précisément ceux pour lesquels ces facteurs de risque ne sont pas retrouvés, ce qui plaide pour des stratégies de dépistage de VHC beaucoup plus larges chez les personnes atteintes de troubles mentaux.

L'ampleur du problème

Le VHC affecte entre 0,5 % et 2 % de la population générale, provoquant des lésions hépatiques progressives et d'autres complications. L'introduction d'antiviraux à action directe a révolutionné le traitement, avec une efficacité de près de 100 % désormais. Cela a incité les autorités de santé et la communauté scientifique à viser l'élimination du VHC en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030, nécessitant une réduction substantielle des nouvelles infections et de la mortalité.

La vulnérabilité des populations spécifiques

Les personnes qui s'injectent des drogues, les détenus et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sont particulièrement vulnérables à l'infection au VHC. Les personnes atteintes de troubles mentaux (PTM) présentent également un risque accru d'infection chronique au VHC. En Europe, la prévalence du VHC chez les PTM est environ 10 fois plus élevée que chez la population générale. Cela s'explique par des facteurs tels que la consommation de drogues, les antécédents d’incarcération, et potentiellement par des modes de transmission atypiques liés à la promiscuité institutionnelle.

L'étude cas-témoin

L'hôpital Le Vinatier est le deuxième plus grand hôpital psychiatrique français, avec plus de 5000 séjours chaque année. Il couvre la majeure partie du territoire urbain de Lyon, qui est la deuxième plus grande agglomération urbaine de France. L'étude menée dans cet établissement a analysé les données de trois années consécutives. Sur plus de 16 000 séjours, 2 540 patients ont été testés avec une sérologie VHC, retrouvant 55 tests positifs. Parmi les patients ayant des tests positifs, 48 ont bénéficié d’un comptage de charges virales, dont 15 ont été trouvés positifs. Cela représente environ 0,59 % de tous les patients ayant été testés pour la sérologie du VHC.

Les facteurs de risque et les implications

Parmi les patients avec des charges virales positives, près de la moitié avaient des antécédents de traitement antérieur pour le VHC. Des corrélations négatives ont été observées entre une charge virale positive et des antécédents de consommation de drogues illicites ou d'incarcération. Cela suggère que les individus avec des antécédents de risque évidents sont plus susceptibles d'avoir été identifiés et traités précédemment, et que ceux qui restent infectés sont ceux qui n’ont pas été identifiés du fait de leur absence de facteurs de risque.

L'importance du dépistage systématique

Les résultats de cette étude soulignent l'importance du dépistage systématique du VHC chez les patients atteints de troubles mentaux, même en l'absence de facteurs de risque apparents. Pour parvenir à l'élimination du VHC d'ici 2030, il est crucial de détecter les infections actives, même chez les patients sans antécédents évidents de risque.

 

En conclusion l'étude cas-témoin menée au sein de l’hôpital psychiatrique a fourni des informations essentielles sur la prévalence du VHC et les facteurs associés à une charge virale positive chez les patients atteints de troubles mentaux. Ces résultats appellent à une approche de dépistage plus systématique pour lutter efficacement contre le VHC, tout en mettant en lumière la complexité de cette maladie au sein de populations vulnérables.

 

Retrouvez l’intégralité de l’étude

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