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Pathologies duelles : Agir en faveur du rétablissement des usagers de la psychiatrie

Mis en ligne le 04 février 2022

La Journée d'études sur les pathologies duelles s’est tenue au Centre hospitalier du Vinatier, le 27 janvier 2022. Il s’agissait d’une thématique attendue puisque cette journée a rassemblé près de 500 participants, cliniciens, usagers, proches, professionnels de l’addictologie et de la psychiatrie, sanitaires et médicosociaux, chercheurs et tutelles de santé.

Cet évènement a été à l’initiative conjointe du Centre ressource de réhabilitation psychosociale (CRR), du SAMSAH Prépsy à Paris et du Service universitaire d'addictologie lyonnais (SUAL).

Une journée résolument axée sur l'évolution des pratiques et les synergies nécessaires car la cooccurrence de troubles psychiques et troubles addictologiques entraîne des situations complexes tant pour les usagers que pour les professionnels qui les accompagnent et nécessitent une prise de conscience puis une organisation à la hauteur cette complexité.

Addictions, psychiatrie et surmortalité précoce

En ouverture, des repères épidémiologiques mis en exergue par le Centre ressource ont permis de situer l'urgence à agir. Parmi ces repères : les chiffres de surmortalité précoce des personnes suivies en psychiatrie pour un trouble psychique sévère. A titre d’exemple, le cancer du poumon tue 2,7 fois plus les usagers de la psychiatrie.

Addictions et efficacité des traitements en psychiatrie

Trop méconnus, les effets du tabac sur l'efficacité des traitements pharmacologiques en psychiatrie rendent essentiel un dialogue sur les consommations. Et cela à toutes les étapes de la trajectoire de soins et d'accompagnement des personnes. Il en va de même pour la consommation d’alcool ou de cannabis dont on sait aujourd'hui qu'elle peut par ailleurs précipiter l'émergence des troubles psychiques chez le jeune adulte et participe à une altération durable des fonctions du cerveau.

Des solutions existent fondées sur des données probantes

Or, la science et les pratiques progressent sur ces thématiques. Des programmes de réduction des risques en contexte de troubles psychiques sévères existent. Certains ont été présentés lors de cette journée d’étude. Ils ont donné lieu à des publications scientifiques de haut niveau. Celles-ci suggèrent tant la faisabilité de ces démarches en psychiatrie que leur efficience, dès lors qu'elles ont été cons¬truites sur mesure et qu'elles associent thérapies comporte¬mentales et substitution nicotinique.

Maximiser la prévention et l’intervention précoce : Prépsy contact

Prévenir les risques et intervenir de façon précoce permet de contenir la perte de chance associée aux mésusages de substances en contexte de troubles psychiques.

Dans ce contexte et pour répondre à un besoin de mise en lien et de mutualisation, le dispositif Prépsy contact a produit un nombre important d'outils d'interconnaissance, d'optimisation des connaissances, de mise en réseau des acteurs de l'intervention précoce dont les Consultations jeunes consommateurs (CJC), les Centres médico-psychologiques (CMP) et les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). De fait, l'intégration des approches psychiatriques et addictologiques, qui nécessite une organisation et une cohérence renouvelées de l’offre d’accompagnement, c'est en premier lieu un engagement. C’est la reconnaissance d'une urgence et l'exigence de faire équipe avec la personne concernée par une pathologie duelle et l’ensemble des ressources en présence.

Comment agir au quotidien et de façon intégrée ?

Cela passera par la formation des professionnels aux approches motivationnelles et au repérage précoce intervention brève (RPIB) pour la consommation d'alcool ou de tabac.

C’est consentir, en tant que professionnel, une lecture plus globale des comportements à risque, comme liés à un environnement social, économique, géographique sur lequel il faut s’autoriser à agir : les inégalités sociales constituent en effet un facteur avéré de risque d'abus de substances. Le trouble psychique sévère en est un autre et ils sont fréquemment concomitants chez les usagers de la santé mentale. En modifiant un déterminant de santé, on peut modifier durablement un comportement.

Face aux constats du manque de ressources et de temps soignant pour aborder les mésusages de substances en psychiatrie, les équipes de liaison en addictologie (ELSA), comme celle du CH le Vinatier, ont développé une expertise clinique en soutien aux équipes et s'engagent dans le transfert de compétences pour encourager le repérage et l’orientation.

Du côté des postures, comme l’ont rappelé le RESPADD et la Fédération Addiction à plusieurs reprises, quelle que soit la structure fréquentée par un usager, le repérage des consommations et le renforcement du sentiment d'efficacité personnelle doivent être une priorité et s'imposer en routine.

Tout professionnel peut se constituer en appui au changement de comportement et à la réduction des consommations.

Parmi les actions à développer de façon prioritaire dans toute démarche d’accompagnement à la réduction des risques :

  • Adopter une posture centrée sur la personne et sa motivation
  • Pouvoir identifier et solliciter les outils et dispositifs d'accompagnement en présence, ou susciter des coopérations entre les secteurs addicto¬logique et psychiatrique si elles n’existent pas encore
  • Dépasser les logiques de filières
  • Étayer constamment ses modes d'intervention

En énonçant ces quelques principes d’action et en valorisant bonnes pratiques et retours d’expérience d’équipes professionnelles et de pair-aidant-e-s engagées dans ces démarches, cette journée d'échange a posé les jalons d'une nouvelle ère et d'une ambition forte pour les pathologies duelles, où le pouvoir d'agir des usagers de la santé mentale pourra bénéficier des ressources et appuis nécessaires pour relever le défi de la réduction des risques et du rétablissement.

Les projets du Centre ressource (CRR)

  • La constitution d’un fonds documentaire étayé sur la thématique des addictions ouvert à tou-te-s, tant en termes d'ouvrages scien¬tifiques que de témoignages
  • Une participation active aux campagnes de santé publique et de marketing social comme Moi(s) sans tabac
  • Le renforcement du pouvoir d'agir des profession¬nels avec une sensibilisation au RPIB
  • L’animation de groupes de réflexion et de parole avec les usagers désireux de s'exprimer sur ce thème

Enfin, propulsé par le Hacking Health Lyon, le CRR développe également un outil interactif de monitoring et de dialogue autour du statut tabagique des usagers de la psychiatrie, pour faciliter la réduction des dosages médicamenteux en psychiatrie, dès qu’elle est possible et ce faisant, réduire les effets non désirés des médicaments.

Pour aller plus loin et se former  

 

 

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