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Marie-Maude Geoffray, praticienne nommée : une carrière dédiée à la pédopsychiatrie
Mis en ligne le 16 janvier 2024
À travers une carrière dévouée à l'amélioration des pratiques psychiatriques dans le domaine de l'autisme, Marie-Maude Geoffray, récemment nommée Professeure Associée des Universités sur la Faculté de Médecine et de Maïeutique de l'Université Claude-Bernard Lyon 1, partage son parcours, ses recherches et ses réalisations, mettant en lumière son engagement envers une pédopsychiatrie publique équitable et basée sur des preuves.
Professeur Marie-Maude Geoffray, pourriez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel ?
Oui, j'ai un parcours qui est très axé sur l'amélioration des pratiques psychiatriques dans le domaine de l'autisme. Le fil conducteur de ma carrière a été l’évaluation et l’amélioration des pratiques dans l’autisme et les autres troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant. Je me suis très tôt spécialisée, grâce aux HCL, lors d’un Inter-CHU à Montréal, en autisme avec le Pr. Mottron.
J’ai poursuivi en master 2 avec Angela Sirigu à l’ISC et sur un poste de Cheffe de Clinique Assistante avec le Pr. Georgieff. En parallèle, j'ai également poursuivi des études en sciences et recherches jusqu'à obtenir un Doctorat en santé publique, épidémiologie et recherche innovation à l’Ecole Doctorale Interdisciplinaire Sciences (EDISS) en 2019.
Ensuite, j'ai effectué une mobilité à l'étranger avec l'équipe de Jonathan Green à Manchester, rejoignant cette équipe en raison de son engagement dans un deuxième modèle d'intervention très précoce appelé la thérapie PACT (Pediatric Autism Communication Therapy). C’est une intervention indirecte précoce qui aide les parents à communiquer avec leur enfant avec autisme.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce modèle ?
Ce modèle implique un coaching avec les parents, les guidant à mettre en place une intervention à domicile. Il s'agit d'une formation de 12 séances avec les parents via le vidéo feedback, suivie de la mise en pratique des principes discutés avec le formateur ou le thérapeute à la maison. Les parents peuvent ainsi utiliser différentes techniques à domicile dans la vie quotidienne de l'enfant, ce qui est crucial étant donné que les très jeunes enfants passent beaucoup de temps avec leurs parents et ont des besoins importants après le diagnostic.
Après mon expérience à Manchester, je suis retournée à Lyon et j'ai participé à une importante réorganisation de pôle de pédopsychiatrie Le Vinatier qui accueille actuellement plus de 7000 enfants par an, couvrant à la fois le neurodéveloppement et les aspects psychoaffectifs.
Détaillez-nous ces transformations du pôle.
Je suis revenue fin 2020 d’Angleterre, et nous avons ouvert la plateforme POP le 21 avril 2021. Ensuite, nous avons lancé le SUNRISE (Service Universitaire en Neurodéveloppement, Réhabilitation, Intervention et Suivi chez l'Enfant) en septembre 2021.
Récemment, nous avons intégré la Maison de l'Enfant et de la Famille (MEF) à la plateforme POP. C’est une unité expérimentale développée par le gouvernement pour faciliter les parcours de soins, tant somatiques que psychiatriques, des enfants en rupture de parcours de droit commun. Cette unité couvre l'ensemble de la métropole et répond aux besoins des familles qui n'ont plus de médecin généraliste ou qui se trouvent dans des situations complexes.
Décrivez-nous la rapidement la plateforme POP
POP, la plateforme d'orientation des enfants et des adolescents, créée par Le Vinatier, s'engage à faciliter l'accès aux soins psychiatriques pour les enfants et adolescents (0 à 18 ans), établissant ainsi une porte d'entrée unique pour toutes les demandes dans cette tranche d'âge). Dès le premier appel, les familles sont accueillies par des professionnels qui évaluent attentivement leurs besoins et ressources. Ce processus comprend une évaluation brève, l'envoi éventuel de questionnaires aux familles, aux professionnels de santé et à l'école, ainsi que la planification de rendez-vous en visioconférence ou en présentiel. La plateforme POP informe également sur l'offre de soins psychiatriques et les ressources disponibles sur l’établissement Le Vinatier. Enfin, elle oriente les familles vers le pôle de pédopsychiatrie ou d'autres partenaires, garantissant ainsi une prise en charge adaptée et personnalisée.
Pouvez-vous maintenant me parler de vos sujets de recherche ?
J'ai développé trois axes de recherche :
- Le premier concerne les neurosciences et l'autisme, en particulier la perception atypique dans l'autisme, travaillant avec le Babylab et Jean-Rémy Hochmann ainsi qu'une doctorante, Sara Dochez.
- Le deuxième axe porte sur l'évaluation des thérapies en intervention précoce dans l'autisme, notamment avec le modèle de Denver (en pratique courante en France et en Belgique), ainsi que le modèle PACT mis en place par visioconférence pour faciliter l'accès aux familles éloignées des centres.
- Le troisième axe concerne l'implémentation de la science, mettant en œuvre des thérapies basées sur des données scientifiques, visant à évaluer leur efficacité et à les intégrer dans la pratique courante avec les équipes.
Que représente votre nomination en tant que professeur associé ?
J'ai eu le grand honneur d'être nommée professeure associée par le ministère et la faculté de Lyon. C'est un titre honorifique qui reconnaît mes travaux et renforce mes projets de recherche et d'enseignement à l'université.
Quelles sont vos ambitions pour l'avenir ?
Mes ambitions incluent une pédopsychiatrie publique aussi équitable que possible, offrant un service de qualité à toute la population dans le besoin. Je vise également à travailler en partenariat avec d'autres acteurs de la santé mentale pour une approche coordonnée.
Je souhaite que la pédopsychiatrie soit efficace et basée sur des preuves, en évaluant constamment ce qui aide le plus les familles. Mon orientation vers la santé publique en pédopsychiatrie vise à répondre aux défis actuels et à offrir des réponses immédiates aux familles.
En travaillant avec les parents, j'espère développer davantage les projets axés sur la psychoéducation et l'accompagnement en situation de crise.
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez ajouter à cet entretien ?
Je tiens à souligner l'importance du travail avec les parents, un aspect central de mes activités que je souhaite continuer à développer. En particulier, nous prévoyons de travailler avec un parent aidant en tant que chef de projet pour aider les parents dans la psychoéducation et l'accompagnement en cas de crise.
Le Vinatier remercie chaleureusement le Pr. Marie-Maude Geoffray pour ce partage et l’ensemble de son travail. Cette dernière incarne un exemple d'engagement en faveur de la pédopsychiatrie publique, avec des réalisations significatives dans la création de services novateurs et la conduite de recherches de pointe. Son appel à une collaboration étroite avec les parents souligne l'importance de l'inclusion de la communauté dans le processus de soin. En tant que Professeure Associée, elle continue à tracer la voie pour une psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent efficace, équitable et fondée sur des données probantes, offrant ainsi des réponses immédiates aux besoins des familles.