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Le rôle complexe du cannabis dans la psychose : nouvelles révélations
Mis en ligne le 15 septembre 2023
Une équipe de chercheurs lyonnais a récemment publié une étude révolutionnaire dans la prestigieuse revue eClinicalMedicine, affiliée au groupe Lancet, révélant l'impact complexe du cannabis sur la psychose. Cette recherche pionnière, menée par des experts de renom, explore les liens entre la consommation de cannabis et les symptômes psychotiques, offrant des perspectives nouvelles sur un sujet longtemps débattu.
La Psychose et ses nuances
Les troubles psychotiques, en particulier la schizophrénie, sont caractérisés par une gamme variée de symptômes. Les symptômes "positifs" incluent les délires et les hallucinations, tandis que les symptômes "négatifs" se traduisent par un repli social, un isolement, et une absence d'initiative.
Le lien étroit entre cannabis et psychose
Il est maintenant bien établi que les personnes souffrant de troubles psychotiques ont un taux de consommation de cannabis exceptionnellement élevé. En effet, on estime que 2/3 de ces individus ont eu une expérience de consommation de cannabis. De plus, la fréquence de consommation, mesurée par exemple par le nombre de joints par jour, est significativement supérieure à celle de la population générale qui consomme du cannabis.
Deux hypothèses concurrentes
Ce lien fort entre les troubles psychotiques et le cannabis a suscité deux hypothèses principales :
- Le Cannabis "Toxique" : Selon cette première hypothèse, le cannabis agirait comme un déclencheur des troubles psychotiques, exacerbant les symptômes positifs tels que les délires et les hallucinations.
- Le Cannabis "Protecteur" : L'autre hypothèse suggère que le cannabis pourrait avoir un effet atténuant sur les symptômes psychotiques, en particulier les symptômes négatifs comme le repli et l'isolement social.
Des révélations étonnantes
Jusqu'à récemment, l'hypothèse du cannabis "toxique" semblait prédominante. Les études avaient montré que le principal composant du cannabis, le tétrahydrocannabinol (THC), avait un potentiel pro-psychotique marqué, et que sa consommation était liée à une progression moins favorable des troubles psychotiques. Cependant, l'hypothèse du cannabis "protecteur" n'a jamais été totalement écartée. Certaines personnes concernées rapportaient des effets anxiolytiques et anti-ennui du cannabis, dépassant ceux d'autres substances psychoactives. De plus, des composés tels que le cannabidiol (CBD) semblaient avoir des effets positifs sur certains symptômes psychotiques.
Une étude majeure
Pour la première fois à l'échelle internationale, une équipe de chercheurs lyonnais a compilé les données individuelles de travaux menés dans le monde entier pour examiner le lien entre le cannabis et les symptômes psychotiques. Cette étude, regroupant plus de 3 000 patients, révèle que le cannabis peut jouer un double rôle :
- Toxique : En exacerbant les symptômes positifs tels que les délires et les hallucinations.
- Protecteur : En atténuant les symptômes négatifs, tels que le repli social et l'isolement.
Les prochaines étapes
Les chercheurs s'attellent désormais à démontrer le lien de causalité entre le cannabis et ces associations complexes. De plus, ils chercheront à identifier les différentes molécules impliquées dans ces effets à double sens.
Un soutien important
Cette étude novatrice a été financée par Le Vinatier. Notre établissement psychiatrique universitaire est de premier plan en France. Il est aussi reconnu pour sa production scientifique au niveau européen, marquant ainsi l'importance de cette recherche.
Les principaux acteurs de l'étude
Parmi les chercheurs clés de cette étude, on retrouve Mathilde Argote, étudiante en doctorat de neurosciences, Benjamin Rolland, psychiatre et addictologue responsable du SUAL, ainsi que Guillaume Sescousse, chercheur INSERM. Leur travail collaboratif a permis de jeter une lumière nouvelle sur cette question complexe.
Comparaison pertinente
Il est intéressant de noter qu'en France, l'une des principales consommatrices de cannabis en Europe, le taux d'usage vie-entière de cannabis dans la population générale est de 46%, ce qui souligne l'importance de comprendre ces liens complexes entre le cannabis et la psychose.
Conclusion : Cette étude marque une avancée significative dans la compréhension du rôle du cannabis dans les troubles psychotiques et ouvre la voie à de futures recherches et à une meilleure gestion de ces conditions médicales complexes.
→ Retrouvez l’intégralité de l’étude