Actualités, Recherche
Le programme Projet de Recherche Vinatier 2022 (acte 2)
Mis en ligne le 22 février 2023
Cette édition est riche puisque 9 projets ont été retenus. Pour rappel, le programme Projet de Recherche du Vinatier est ouvert à tout agent travaillant au Centre Hospitalier Le Vinatier, quel que soit son statut ou sa qualification. Une fois le projet déposé, il est examiné par deux rapporteurs indépendants et soumis au jury du PRV où la présence du porteur de projet est requise.
Cette année, nous vous présentons ces recherches en deux temps (actes 1 et 2). Ci-dessous, vous trouverez la présentation de 4 projets qui ont été retenus :
- CAF-TAS : Cortisol and frontal alpha Asymetry aFter a TACS Session at alpha frequency - Collaboration entre l’UF recherche Urgences Psychiatriques (POULET Emmanuel) et Centre Régional Psychotraumatisme (Philippe VIGNAUD)
- OLIPHANT : prObing and moduLating motor Imagery capacities in aPHANTasia - MONDINO Marine - Pôle Est – Service SHUPPR (Service Hospitalo Universitaire des Pathologies Psychiatriques)
- STUPEFIX : Modulation des capacités d’externalisation spatiale auditive par stimulation trasnscranienne de la zone cérébrale spécifiquement impliquée - collaboration entre le Service SUR-CL3R – PEP’S du Pôle Centre Rive Gauche (HAESEBAERT Frédéric) et le Service SHUPPR du Pôle Est (MONDINO Marine)
- TGH-SNDS : Transgender Health - Système National des Données de Santé - JUREK Lucie (SUNRISE – unité VAGUE)
Le projet CAF-TAS : Cortisol and frontal alpha Asymetry aFter a TACS Session at alpha frequency
Le stress est un processus omniprésent qui se déclenche lorsque l'individu est confronté à une menace. Sur le plan biologique, l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) joue un rôle important dans la réponse à un facteur de stress. Il est à noter que la réponse au stress n'est pas modulée uniquement au niveau de la production de cortisol, mais dépend également de nombreux facteurs :
- de la cascade de signalisation intracellulaire du cortisol,
- allant de la fixation sur le récepteur au glucocorticoïde (GR)
- jusqu'au noyau de la cellule.
Si cet axe aboutit à la production de cortisol circulant dans le sang, il s'inscrit dans un réseau d'interactions et de boucles bilatérales de rétrocontrôle négatif, impliquant le cortex préfrontal et en particulier le cortex dorsolatéral préfrontal (DLPFC). Moduler le fonctionnement de cette zone pourrait modifier la réponse au stress. De plus, le DLPFC est impliqué dans plusieurs fonctions cognitives jouant un rôle important dans la réponse au stress (fonctions exécutives, contrôle des impulsions...).
Au niveau électrophysiologique, l'asymétrie frontale alpha (l'AFα), c'est-à-dire la différence de bande alpha entre les cortex préfrontal gauche et droit, serait un marqueur de la réponse au stress. Certaines études ont notamment montré que la réponse au stress (évaluée sur la sécrétion de cortisol) serait corrélée à une AFα en faveur d'une activité cérébrale plus importante du côté de l'hémisphère droit.
Plusieurs études ont montré que la stimulation transcrânienne par courant continu (tDCS) diminue la réactivité du cortisol à un facteur de stress. Une variante de la tDCS, la tACS, délivre un courant alternatif sinusoïdal de fréquence donnée entre les 2 électrodes apposées sur le scalp. Des études ont rapporté que la tACS pourrait augmenter une bande d'activité électrophysiologique définie au préalable.
Ainsi, dans cette étude, l’équipe souhaite étudier l'influence d'une séance de tACS délivrée à la fréquence alpha sur différentes composantes biologiques, électrophysiologiques et cognitives du stress chez des sujets sains soumis à une épreuve de stress standardisée.
Le projet OLIPHANT : prObing and moduLating motor Imagery capacities in aPHANTasia
Fermez les yeux et imaginez un coucher du soleil. Pouvez-vous percevoir nettement les couleurs du ciel, les contours du paysage ? Pour la majorité d’entre nous, les images mentales créées sont claires, vivaces et peuvent même contenir de nombreux détails. Cependant, une petite partie de la population ne parvient pas à former ces images mentales : on parle d’aphantasie. D’abord, avec le projet OLIPHANT, l’équipe PSYR2 a pour objectif de mieux comprendre l’aphantasie en étudiant :
- ses corrélats comportementaux,
- cognitifs,
- et (neuro)-physiologiques.
Ensuite, la structure de recherche proposera un protocole utilisant la stimulation cérébrale non-invasive pour améliorer les capacités à former des images mentales chez les personnes aphantasiques. D’une part, ce projet permettra d’identifier des marqueurs de l’aphantasie et d’autre part, il proposera des pistes de remédiation des capacités d’imagerie mentale. Enfin, OLIPHANT présente un intérêt pour le domaine de la psychiatrie : des capacités d’imagerie mentale anormales ont été mises en évidence dans de nombreuses pathologies psychiatriques.
Le projet STUPEFIX : Modulation des capacités d’externalisation spatiale auditive par stimulation trasnscranienne de la zone cérébrale spécifiquement impliquée
Comment notre cerveau sait-il que ce que nous percevons provient de l’extérieur de notre tête ? En d’autres termes, comment les sons perçus dans notre environnement sont-ils externalisés par rapport à soi ?
Le projet STUPEFIX vise à mieux comprendre quelles zones cérébrales sont impliquées dans les capacités d’externalisation. Ces zones seront d’abord étudiées en utilisant la neuroimagerie, puis une technique de stimulation cérébrale non-invasive. Enfin, le projet STUPEFIX étudiera les liens entre les capacités d’externalisation et les capacités de reality-monitoring, un processus qui nous permet de nous remémorer si une information auditive était imaginée ou réelle.
Une altération des capacités d’externalisation pourrait se manifester par des déficits de reality-monitoring chez les patients atteints de schizophrénie, qui ont tendance à attribuer à tort une information imaginée comme provenant de l’extérieur. Le projet STUPEFIX permettra une meilleure compréhension de cette capacité d’externalisation et de ses bases cérébrales et pourrait avoir, à terme, une portée clinique, notamment dans la schizophrénie.
Le projet TGH-SNDS : Transgender Health - Système National des Données de Santé
Le parcours médical de transition des personnes trans en France est marqué par une forte hétérogénéité territoriale, ce qui rend la prise en charge complexe pour les personnes concernées. Le manque de données récentes et actualisées sur les soins reçus est un obstacle majeur à l’amélioration des prises en charges. Cette étude pluridisciplinaire a pour objectif d'analyser les parcours de soins des personnes trans en France en utilisant les données du Système National des Données de Santé (SNDS) pour préciser l'articulation entre les soins spécialisés et la médecine de ville. Les trois grands pôles de spécialités médico-chirurgicales analysées dans cette étude seront :
- la santé mentale,
- l'endocrinologie
- et la chirurgie.
L’analyse des données générale du SNDS permettra d’appréhender, de façon plus exhaustive, la pluralité des parcours actuellement en France, la place des soins psychiatriques, et les modalités de prescription endocrinologiques. Un focus sur la répartition des soins sur le territoire sera également réalisé, notamment sur le plan de la chirurgie. La confrontation des résultats obtenus via le SNDS à l'expérience personnelle d'une personne concernée, membre du conseil scientifique, est une plus-value de ce travail et permettra de discuter des limites de la méthode dans ce champ clinique.
Le Centre Hospitalier Le Vinatier félicite toutes les structures de recherche qui ont répondu à ce programme. Nous vous informerons de l’évolution de ces études.