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La Fondation Pierre Deniker récompense deux chercheuses pour leurs travaux en psychiatrie
Mis en ligne le 14 février 2024
Lors du renommé congrès de l'Encéphale 2024, la Fondation Pierre Deniker, avec le soutien de l’alliance Otsuka-Lundbeck, a décerné deux bourses à des chercheuses émérites pour leurs travaux novateurs dans le domaine de la psychiatrie. Ces deux lauréates, Madame Cécilia Neige et Madame Ondine Adam, toutes deux post-doctorantes au Vinatier et membres de l'équipe PsyR², ont été distinguées pour leurs projets prometteurs visant à éclairer les mécanismes complexes des troubles psychiatriques et à ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques.
Exploration de la connectivité préfrontale dans la dépression résistante
Le projet de Madame Cécilia Neige, intitulé "Stimulation magnétique transcrânienne dual-site : une approche innovante pour évaluer la connectivité effective préfrontale dans la dépression résistante", encadré par le Pr. Emmanuel Poulet et le Dr. Jérôme Brunelin au Vinatier - Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole, a été récompensé dans la catégorie des Troubles de l'humeur. Son travail s'attache à développer une approche novatrice pour évaluer la connectivité effective entre le cortex préfrontal dorsolatéral (DLPFC) et le cortex moteur primaire (M1) chez les patients souffrant de dépression.
La dépression majeure, caractérisée par une altération de l'humeur et de la capacité à ressentir du plaisir, représente un défi majeur pour la psychiatrie contemporaine. Malgré les progrès réalisés dans le domaine de la psychopharmacologie, un quart des patients restent résistants aux traitements médicamenteux disponibles. Comprendre les mécanismes sous-jacents de cette maladie complexe est donc crucial pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.
Des recherches antérieures ont mis en évidence des anomalies de connectivité fonctionnelle du DLPFC dans la dépression, soulignant son rôle central dans la physiopathologie de cette maladie. La stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS) ciblant le DLPFC a montré des résultats prometteurs dans la réduction des symptômes dépressifs chez certains patients. Cependant, la prédiction de la réponse à ce traitement reste un enjeu majeur.
Le projet de Madame Neige propose d'utiliser une approche de stimulation magnétique transcrânienne dual-site pour évaluer la connectivité effective entre le DLPFC et le M1 chez les patients dépressifs. En associant cette méthode à la perception d'odeurs de différentes valences émotionnelles, l'équipe de recherche vise à mieux comprendre les mécanismes neuronaux sous-tendant la dépression et à identifier des marqueurs prédictifs de réponse à la rTMS.
Une étude méthodologique récente, publiée dans le Journal of Visualized Experiments par l'équipe PsyR² en collaboration avec l'équipe NEUROPOP au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL), présente cette approche novatrice combinant la TMS dual-site avec la diffusion d'odeurs, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour la recherche sur la dépression résistante.
Exploration du rôle du cortex préfrontal dans la réactivité au stress dans le continuum psychotique
Le projet de Madame Ondine Adam, "Rôle du cortex préfrontal dans la réactivité au stress dans le continuum psychotique : approches moléculaires, neurophysiologiques et cognitives", mené avec les tutelles CRNL Inserm et l’université Lyon1, a été récompensé pour son approche multidisciplinaire visant à éclairer le rôle du cortex préfrontal dans la réponse au stress à différentes étapes du continuum psychotique.
Le stress joue un rôle majeur dans la physiopathologie de la schizophrénie et semble être impliqué dans l'apparition des premiers symptômes de la maladie. Le cortex préfrontal, une région clé du cerveau impliquée dans la régulation de la réponse au stress, suscite donc un intérêt croissant dans la recherche sur la schizophrénie.
Le projet de Madame Adam se compose de deux études complémentaires visant à étudier l'impact de la stimulation du cortex préfrontal chez des individus confrontés à des situations stressantes, ainsi que les mécanismes neurochimiques sous-jacents à cette réponse, dans la population générale mais aussi chez des individus à risque de développer la schizophrénie. En combinant des approches comportementales, neurophysiologiques et neurochimiques, l'équipe de recherche espère mieux comprendre les mécanismes par lesquels le cortex préfrontal influence la réactivité au stress dans différentes populations.
Nouvelles voies dans la psychiatrie : l'impact de la recherche translationnelle
Ces travaux, menés par deux jeunes chercheuses talentueuses au sein de l'équipe PsyR², illustrent l'importance de la recherche translationnelle dans le domaine de la psychiatrie. En éclairant les mécanismes neurobiologiques des troubles psychiatriques et en développant de nouvelles approches thérapeutiques, ces projets contribuent à améliorer la prise en charge des patients et ouvrent de nouvelles perspectives pour la recherche future. Le Vinatier - Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole félicite tout particulièrement ses deux chercheuses.