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Interview du lauréat doctoral Quentin Adrian
Mis en ligne le 02 novembre 2021
Chaque année, un jury interne au Centre Hospitalier le Vinatier sélectionne et finance des projets doctoraux et post doctoraux. Cette année, nous mettrons à l’honneur ces lauréats.
La promotion de lauréats
Les bourses doctorales :
- TALBI Rdah / D. ROCHET Thierry (pôle PEA),
- ADRIAN Quentin / P. FRANCK Nicolas (pôle CENTRE-RIVE-GAUCHE)
Les bourses post doctorales :
- NEIGE Cécilia / P. POULET Emmanuel (pôle Urgences)
- VALLET William / BRUNELIN Jérôme - D. MOUCHET Sabine (pôle SMDPL)
Chaque mois, nous vous exposerons le portrait scientifique de ces lauréats. Aujourd’hui, nous vous présentons Quentin Adrian dont le projet est porté par le Pr. N. Franck.
Présentation du cursus de Quentin Adrian
Quentin Adrian a débuté son cursus universitaire à l’université de Nanterre et Cergy-Pontoise par une première année de licence de psychologie et MPI (mathématique, physique et informatique). Il décide cependant de retourner en Bretagne, dont il est originaire, pour entamer un cursus consacré uniquement à la psychologie. Lors de ses deux années de licence, il effectuera un stage en neuropsychologie et un stage en psychologie clinique. Ce dernier fut déterminant dans son parcours : il put observer la prise en charge d’individus atteints de bipolarité et de schizophrénie. Après sa licence, il continua sur un master à Lyon où il rencontra le Dr. Léon Tremblay et le Pr. Nicolas Franck. C’est ainsi qu’il décrocha un stage sur la remédiation cognitive dans la schizophrénie. Cette expérience déterminera son sujet de doctorat.
Entretien avec ce lauréat
Quel est votre sujet doctoral ?
La schizophrénie est caractérisée par une triade symptomatique.
On y distingue :
- Les symptômes positifs (e.g., hallucinations, désorganisation de la pensée),
- Les symptômes négatifs (e.g., apathie, retrait social)
- Et enfin les symptômes cognitifs (e.g., altération des capacités mnésique, de jugements, de prise de décision).
La littérature nous enseigne que l’approche pharmacologique permet d’agir sur les symptômes positifs et négatifs. Cependant, les symptômes cognitifs présentent une pharmacorésitance. Or, ce sont ces symptômes cognitifs les plus invalidants pour l’intégration sociale. En d’autres termes, des patients se retrouvent stables au niveau positif et négatif, cependant leur plainte n’a pas disparu. En effet, leurs difficultés à s’intégrer socialement (trouver un travail, se faire des amis…) persistent. C’est là qu’intervient la remédiation cognitive, il s’agit d’un ensemble de techniques thérapeutiques comportementales visant à amener les individus vers un état d’autonomie et de bien-être durable qui se substitue à une guérison impossible actuellement.
Les thérapies de remédiation cognitives sont donc au centre de notre intérêt pour la complémentarité avec la médication et la prise en charge holistique qu’elles proposent. Notre équipe s’est focalisée sur le programme SCIT (Social Cognition Interaction Training) permettant d’améliorer l’intégration sociale des personnes atteintes de schizophrénie. Ce dernier agit sur ce que l’on nomme le “saut aux conclusions”, un biais cognitif fréquemment caractérisée par un mode de pensée rigide, sans remise en question, provoquant des prises de décisions hâtives et inadaptées au contexte. Le SCIT amène les individus à remettre en question leur perception initiale pour améliorer leur prise de décision, ce qui favorise leur réinsertion sociale et professionnelle.
La littérature scientifique en imagerie fonctionnelle met en avant un recrutement important du cortex frontal par les thérapies de remédiation cognitive. Nous souhaitons mieux comprendre ces modifications des régions antérieures du cerveau. Pour ce faire, nous avons mis en place des tâches comportementales permettant, entre autres, d’étudier la prise de décision sociale chez les participants. Nous avons comparé les performances comportementales et l’activité électrique cérébrale de personnes atteintes de schizophrénie et celles sans pathologie psychiatrique avérées (participants contrôle). Nos résultats préliminaires n’ont souligné que les personnes atteintes de schizophrénie :
- Montrent un biais de saut aux conclusions,
- Prennent moins en comptent les informations pertinentes de l’environnement que les participants contrôlent
- Et de fait, prennent des décisions moins adaptées au contexte.
- Ces prises de décisions inadaptées sont corrélées avec une activité frontale précoce spécifique aux personnes atteintes de schizophrénie.
Ma thèse aura pour but :
- D’utiliser des techniques d’imagerie modernes afin de mieux comprendre la source anatomique de ces activités ainsi que le processus dans lequel elles s’inscrivent
- De mettre en avant et de comprendre l’effet de la thérapie SCIT au niveau cérébral, et possiblement sur ces activités frontales précoces,
- Mettre en lumière l'interaction entre médication et remédiation cognitive en comparant l’impact de la remédiation sur des groupes patients ayant des traitements différents.
Pourquoi avoir choisi le Centre Hospitalier Le Vinatier ?
Le CH Le Vinatier est un choix pertinent pour ma thèse. Dans un premier temps, le projet est encadré par le professeur Nicolas Franck, chef du Pôle Centre rive gauche et expert renommé sur la schizophrénie. Son expertise et son expérience sont indispensables au bon déroulement de ce projet. Enfin, effectuer ma thèse au sein de l’hôpital est l’occasion de réaliser des études à plus grande échelle grâce à la cohorte REHABase.
Quels sont projets ? Comment vous projetez-vous ?
Mon objectif en m’engageant dans un parcours de recherche, a été (et restera) l'amélioration de la prise en charge des personnes souffrant de schizophrénie grâce à l’étude approfondie de cette pathologie. Je souhaite devenir un chercheur spécialisé à propos de cette maladie mentale et de sa prise en charge.
Le centre Hospitalier le Vinatier souhaite la bienvenue à ses nouveaux lauréats et remercie Quentin Adrian pour sa participation à l'élaboration de cet article.