Idées reçues sur les soins psychatriques des personnes âgées
Mis en ligne le 28 septembre 2023
Dans une logique de repenser la psychiatrie pour nos seniors, le Vinatier a décidé de combattre les stéréotypes principaux concernant nos personnes âgées et prévoit d'améliorer considérablement son offre de soins en Psychiatrie de la Personne Âgée.
Suicide et Personne âgée
Idée reçue : « Il normal quand on est âgé de vouloir mourir »
On peut distinguer lorsque des idées de mort sont rapportées par les personnes âgées (PA):
- Les pensées au sujet de la mort et de la fin de sa vie qui peuvent être fréquentes et normales lors de l’avancée en âge et notamment dans le grand âge.
- Le désir de mourir pouvant s’accompagner d’une intentionnalité de mettre fin à ses jours comme solution d’un problème et qui constitue un risque suicidaire.
Le risque suicidaire est corrélé au sentiment d’être un fardeau pour autrui et au sentiment de perte de connexion, c’est-à-dire d’isolement.
Or, ces dimensions sont fréquemment retrouvées chez les PA.Elles sont davantage exposées à des situations de perte d’autonomie (troubles neurocognitifs, co morbidités, dépendance gériatrique, douleurs chroniques aggravant un syndrome dépressif) qui alimentent le sentiment d’être un fardeau.
Elles connaissent de manière plus fréquente à cette période de la vie un amenuisement de leurs relations sociales et familiales et des deuils inévitables qui participent au sentiment douloureux d’isolement et augmentent leur risque de passage à l'acte suicidaire
L’expression d’idées suicidaires chez la PA, comme chez les personnes plus jeunes, n’est pas à banaliser et doit être considérée comme un point d’alerte pour le repérage du risque suicidaire.
Le niveau d'alerte doit être d'autant plus important chez la PA que le taux de suicide des PA est connu pour être plus élevé que celui des adultes plus jeunes.
Si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous voulez aider une personne en souffrance, vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide, le 3114 accessible 24h24, 7j/7, gratuitement et dans la France entière.
Sommeil et Personne âgée
Idée reçue : « Il est normal de moins bien dormir avec l’âge »
Le sommeil se modifie avec l’âge (sommeil plus léger, délai d’endormissement augmenté, horaire de coucher plus précoce, sieste en milieu de journée) mais il n’est pas normal de se plaindre de son sommeil en vieillissant. Les plaintes concernant le sommeil chez les personnes âgées doivent être prises en compte et explorées.
Les règles d’hygiène du sommeil sont valables à tous les âges :
- Se Coucher et se lever à heure régulière
- Avoir une activité physique
- S’exposer à la lumière en journée
- Maintenir une vie sociale
- Eviter les repas trop riches ou trop légers le soir
- Eviter les excitants le soir (café, thé, alcool) ainsi que les écrans
Idée reçue : « Il est normal de ronfler quand on est âgé »
Le syndrome d’apnée du sommeil concerne 10 % de la population générale de plus de 65 ans.
L’obésité est le facteur de risque et d’aggravation principal.
Les symptômes principaux sont : ronflements, suffocations nocturnes, somnolence diurne excessive, fatigue, sensation de sommeil non réparateur, troubles cognitifs, besoin d’uriner nocturne, céphalées matinales, baisse de la libido.
Les risques sont les accidents liés à la somnolence (accidents de la voie publique) et les conséquences cardiovasculaires notamment le risque d’AVC.
Le dépistage se fait simplement avec une consultation sommeil et un examen du sommeil à domicile.
Cliquez ici pour accéder à la vidéo de présentation de l’unité du sommeil du Vinatier.
Addiction et Personne âgée
Idée reçue : « L’addiction, ça n’existe pas chez les personnes âgées »
Le rapport 2020 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) évoque « une épidémie cachée des troubles de l’usage chez les sujets âgés ».
La PA est un candidat naturel aux addictions, notamment en raison de l’augmentation des douleurs, des symptômes dépressifs et des troubles anxieux. Les phénomènes addictifs les plus souvent retrouvés sont liés à l’alcool, les médicaments, les jeux et achats pathologiques. Le mésusage d’alcool ne disparait pas avec la vieillesse et devient même plus fréquent.
Idée reçue : « On ne va pas leur enlever leur dernier plaisir »
Plaisir ou souffrance ? Dans le cas d’une addiction, les consommations-plaisir deviennent simple soulagement du manque, qui est lui douloureux.
L’alcool chez la PA est source d’interactions médicamenteuses, de chute, de syndrome confusionnel, de dépression, de limitation de l’accès aux soins. Il aggrave les troubles cognitifs et leur évolution dès le stade de trouble cognitif léger.
Avec l’âge, la tolérance de l’organisme à l’alcool diminue et les seuils de consommations à risque sont plus bas chez les aînés qu’en population générale : 1 verre/j, 7/semaine, ou 3 en une occasion.
Idée reçue : « A cet âge-là il n’y a plus rien à faire »
Il n’est jamais trop tard pour aborder les TUAL des PA : leur pronostic de soin est aussi bon voire meilleur que chez les adultes plus jeunes. Les recommandations de soins sont les mêmes pour ces deux populations.
Les soins en addictologie ne se réduisent pas aux sevrages choisis ou contraints. Ils permettent de définir des objectifs de diminution ou d’arrêt des consommations, de réduction des risques et d’accompagnement pour gérer les complications.
Pour plus d'infos :
→ Addictolyon
→ Drogues-info-service
Dépression et Personne âgée
Idée reçue : « C’est normal d’être déprimé quand on est âgé »
Les PA rencontrent des stéréotypes agistes caractérisés par des jugements négatifs liés au vieillissement. Ces derniers, véhiculés par la société sont aussi intériorisés par les personnes âgées elles-mêmes.
6 mythes liés à la dépression de la PA ont été ainsi répertoriés, non seulement chez des personnes âgées elles-mêmes, mais également chez des personnes plus jeunes en regard des plus âgées :
- « C’est normal d’être déprimé quand on est vieux » : croyance que la dépression est une partie normale du vieillissement.
- « Il est trop tard pour changer, car trop vieux » : croyance que le problème est définitif et irréversible ; le risque est que la personne âgée ne demandera pas de l’aide.
- « Ça ne s’améliorera pas, alors pourquoi essayer ? » : croyance qu’aucun traitement ne pourra améliorer un problème de santé mentale.
- « La mobilité diminue en vieillissant, donc la vie est inutile » : attribution à tort des symptômes d’une dépression au vieillissement, tels qu’un ralentissement psychomoteur, une perte d’envie ou une diminution de l’élan vital.
- « Trop d’effort pour peu de résultat » : sous-estimation du rapport entre les avantages et les coûts d’une thérapie.
- « La personne âgée n’est pas réceptive à la psychothérapie » : croyance que des interventions sur les pensées seraient moins efficaces en vieillissant.
Or, l’état dépressif s’accompagne également de pensées négatives, tels que le sentiment d’impuissance, une mauvaise estime de soi, le sentiment d’incompétence et d’inutilité, le refus d’aide, etc…
Pensées négatives des stéréotypes agistes et pensées négatives liées à un état de dépression se confondent et peuvent s’alimenter réciproquement.
Mieux les repérer et les distinguer permet de démystifier ces croyances et facilite l’accès à un traitement tant médicamenteux que psychothérapeutique, efficace pour traiter la dépression chez toute PA.
Le Pôle de Psychiatrie de la Personne Âgée (PsyPa) du Centre Hospitalier Le Vinatier souhaite améliorer la qualité de vie au travail de ses équipes et la qualité des soins proposée. Le but de cette action est d'apporter un meilleur accueil aux usagers.
Pour soutenir cette démarche, vous pouvez faire un don à : donPsyPA(at)ch-le-vinatier(dot)fr
→ Découvrez la vidéo de présentation de cette action