Des familles d’accueil pour soutenir les personnes âgées dépendantes

Mis en ligne le 26 janvier 2023

Les familles d'accueil pour personnes âgées pourraient représenter une stratégie intéressante pour répondre aux besoins cliniques et sociaux non satisfaits des personnes âgées. Ce modèle reste encore peu développé et exploré.

Une stratégie négligée

Avec le vieillissement de la population, le développement de stratégies cohérentes de prise en charge des personnes âgées est devenu un enjeu crucial.  Au sein de cette population qui présente un taux de dépendance important, le maintien à domicile est parfois difficile voire impossible. Cette situation ouvre la porte aux dispositifs d’hébergements alternatifs. C’est le cas des EHPAD, qui demeurent le modèle le plus développé et le plus abouti pour ces personnes dépendantes. Cependant, il existe un autre type d’hébergement réservé aux personnes âgées dépendantes : les familles d’accueil. En 2022, en France, environ 4000 personnes âgées seraient prises en charge par ces familles (d’après l’IFREP).  Ce modèle est particulièrement développé dans les Antilles. Là-bas, chaque famille d’accueil est responsable d’une à 3 personnes, en mettant à disposition une chambre pour chacun d’entre eux dans la maison. Ces dernières assurent le repas et les activités des résidents. Les liens tissés entre les accueillants et les personnes âgées sont forts. Ainsi, la participation des résidents à la vie familiale et le contact étroit avec une seule personne référente pourraient avoir un impact concret sur leur bien-être et lutter contre leur isolement.

Les familles d’accueil, des questions en suspens

Pourtant, les familles d’accueil pour personnes âgées dépendantes ont été peu étudiées dans la littérature scientifique depuis 30 ans et ce type de modèle reste peu développé. En effet, plusieurs interrogations demeurent quant à la viabilité de celui-ci. Premièrement, le profil médical des personnes âgées accueillies adapté aux familles d’accueil nécessite d’être étudié, notamment en termes de pathologies psychiatriques (Alzheimer…) et de dépendance. Deuxièmement, pour des patients ayant des caractéristiques similaires, l’efficacité de ce modèle doit être comparée à ces alternatives existantes, en termes d’hospitalisation, de mortalité, de santé mentale et d’évolution des syndromes gériatriques. Troisièmement, le coût global de cette prise en charge doit être évalué en incluant le cout direct du logement, ainsi que les visites médicales et paramédicales, la nécessité des transports vers les structures de soins et le coût de prise en charge par ces structures. Dernier point, la formation des accueillants des personnes âgées dépendantes nécessite d’être solide.

Perspectives de recherche

Les familles d’accueil, en tant qu’alternative ou de transition vers les EHPAD, méritent donc d’être étudiées scientifiquement. Ce modèle de prise en charge pourrait avoir toute sa place dans l’organisation des soins de nombreux pays si des données robustes en démontraient son utilité. D’autre part, il répond à des enjeux sociétaux de solidarité intergénérationnelle et de potentielles créations d’emploi, particulièrement dans les zones de désertification rurale ou médicale. Ceci fait l’objet des recherches menées aux Antilles (Projets KASAF/KASEHPAD, financés par le Conseil Départemental de la Guadeloupe, ARS  de Guadeloupe et ARS de Martinique) du Dr Boucaud-Maitre, directeur de recherche en santé publique et épidémiologie au Centre Hospitalier Le Vinatier et du Pr. Tabué-Teguo, chef de pôle de gériatrie/Gérontologie au CHU de Martinique, Directeur-Adjoint de l'UR EpiCliV, Université des Antilles, ainsi que de l'Equipe ACTIVE du centre Inserm U1219, Université de Bordeaux).

  • Retrouvez l’intégralité de cette correspondance sur The Lancet 

Haut de contenu